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Yvon Le Caro

Yvon Le Caro est géographe et directeur adjoint du laboratoire ESO.

C'est après avoir constaté l'intérêt pour ses travaux suscité suite à la publication d'un article dans une revue diffusée par OpenEdition, qu'Yvon Le Caro s'est intéressé plus largement aux enjeux de la science ouverte.

Contenu du texte déplié

Interview d'Yvon Le Caro, enseignant-chercheur en géographie et aménagement des espaces ruraux

"Je suis géographe sur les questions rurales de géographie et d'aménagement des espaces ruraux à l'Université Terrain 2, au laboratoire ESO, espace et société.

Je suis venu à la science ouverte un peu par hasard parce que j'ai publié sur des supports un éditeur et des revues qui pratiquaient la science ouverte au sens de l'open access. Par exemple, avec une doctorante, Paola Namias, nous avons écrit un article qui s'intitule Pour une définition de l'agriculture urbaine dans une revue canadienne qui s'appelle Environnement urbain, qui est en open access. C'est vrai qu'on a eu des retours de scientifiques mais aussi des retours de gens intéressés par la pratique de l'agriculture urbaine. Notre définition, interrogée, a permis d'introduire de la discussion, des débats. De ce point de vue-là, c'est intéressant.

Du coup, dans mon laboratoire, je suis responsable d'adjoint de mon laboratoire, j'essaye d'inciter les collègues à au moins déposer sur le portail ALSHS, les archives ouvertes des sciences humaines et sociales, le titre de la publication et, si possible, la publication. Je pense que ça permet d'ouvrir la quantité de gens qui vont pouvoir discuter ces résultats de recherche. La recherche, c'est fait pour être discuté. Voilà, ça, c'est le fait de mettre à disposition nos résultats, nos productions scientifiques.

Il faut quand même faire un peu attention dans le sens que nous traitons aussi des données sensibles, des entretiens avec des personnes. Nous publions chez des éditeurs qui parfois ont besoin de vendre des livres aussi. Donc, je pense qu'il faut que les chercheurs restent maîtres de ce qu'ils diffusent et qu'ils puissent ajuster la manière dont la société peut s'emparer de leur travail. Mais je dirais, tant que c'est possible, faisons-le.

Un autre aspect, c'est que, pour moi, la science ouverte, c'est beaucoup plus profond, en fait, que juste mettre à disposition des publications. Je pense qu'il faudrait pouvoir partager avec la société toutes les étapes de la recherche, du questionnement, aux résultats et que, pour moi, construire un projet de recherche, construire un questionnement avec les parties prenantes, c'est de la science ouverte. Soumettre, par exemple, aux gens que j'interroge, la manière dont j'analyse leurs propos et en discuter avec eux, ce qu'on appelle le double entretien, c'est de la science ouverte. Et bien sûr, diffuser les résultats et les soumettre à la discussion, ça élargit les espaces de débats, ça nous permet aussi de proposer de nouveaux sujets de recherche et je pense que ça nous donne aussi une place plus légitime dans la société.

Et c'est pour ça que je pense que, même si je ne sais pas tout sur la science ouverte, je pense qu'on peut avancer dans ce sens-là et que c'est important. Voilà."